De Chabournéou à Vallonpierre par le sentier du Ministre
« Depuis le Crépon, les yeux sont attirés par le Sirac. Dressé comme une barrière infranchissable que le soleil tente éperdument de chevaucher, ce sommet nous aspire. Avant d'aller le chatouiller en traversant à ses pieds, nous nous nourrirons d'une flore d'une grande variété, bercés par le chant des oiseaux des terres de là-haut. Nord, Sud, Est, Ouest. Cette randonnée accessible parcourt toutes les orientations pour nous émerveiller à chaque pas. »
Régis Jordana, garde-moniteur en Valgaudemar
Description
- Derrière le bâtiment, trouver le point de départ du sentier de traversée vers le refuge de Vallonpierre (1 h de marche). Le sentier alors rocailleux offre une traversée aux pieds du Sirac, au milieu des saules glauques et soyeux.
- Deux courts passages escarpés nécessitent d'être vigilant, avant d'aboutir sur le plateau enherbé, « Le Pré », où est posé le refuge de Vallonpierre à 2271 m.
- Après avoir profité des lieux, le retour demande environ 1 h 45. Pour cela, revenir légèrement en arrière pour retrouver le GR54 et entamer la descente à gauche.
- Après la descente en lacets du verrou glaciaire, rejoindre le « Pré de Surette » et sa cabane où une passerelle permet de traverser le torrent de la Séveraisse et rejoindre le chemin emprunté à l'aller. Traverser le Torrent du Pis grâce à la passerelle. 300 m après cette dernière, rejoindre le sentier du Ministre qui conduit directement au parking de départ.
- Départ : Parking du Crépon, La Chapelle-en-Valgaudemar
- Arrivée : Parking du Crépon, La Chapelle-en-Valgaudemar
- Communes traversées : La Chapelle-en-Valgaudemar
Les 25 patrimoines à découvrir
- Histoire
Le sentier du ministre
Drôle de nom pour un sentier... Deux explications nous sont parvenues. La première serait tout simplement qu'un ministre aurait inauguré ou, tout du moins, parcouru ce sentier. La seconde, plus probable, relate que l'on appelait les ânes des ministres. En effet, ces animaux précieux pour les paysans de l'époque étaient choyés et traités comme tels. Ce sentier presque plat leur étant particulièrement bien adapté, il semble logique qu'on lui ai donné ce nom.
- Flore
Variété des milieux
Au cours de cette randonnée, vous évoluerez sur les 4 orientations possibles. Cette particularité offre une variété floristique très étonnante, passant d'une végétation quasi méditerranéenne à des espèces subalpines de versant nord telles que le saule glauque (voir description ci-après). Vous marcherez longuement dans des éboulis pour piétiner ensuite de la prairie rase d'altitude aux plantes en coussinets...
- Eau
Torrents
L'eau est également omniprésente lors de cette boucle. On croise successivement le torrent du Gioberney, le torrent du Pis, le torrent de Vallonpierre, et celui du Sirac. Ils constituent tout un bassin versant que la Séveraisse va s'efforcer de drainer pour devenir le torrent parfois capricieux qui traverse, d'un bout à l'autre, la vallée du Valgaudemar.
- Flore
Le sorbier des oiseleurs
Sorbus aucuparia
Les oiseaux, en particulier les grives, sont friands de ces baies qui persistent sur l'arbre jusqu'aux portes de l'hiver. Hors de cette période de fructification, le sorbier des oiseleurs se reconnait à ses feuilles découpées et dentées, rougissants en automne. Il se rencontre fréquemment de l'étage montagnard à l'étage subalpin. Son port, souvent très esthétique, fait le bonheur des photographes ! - Refuge
Le refuge de Chabournéou
Après 1h45 de marche, vous découvrirez ce charmant refuge posé à 2000 m. Gardé au printemps, il offre un point de départ vers de belles courses de ski de randonnée telles que le Jocelme ou la Brèche en V. En été, adossé au Sirac, il se situe au carrefour entre la randonnée et l'alpinisme : un emplacement de choix. Vous aurez peut-être la chance de croiser des chamois qui se plaisent à s'attarder sur les pentes avoisinantes que le soleil peine à laisser en fin de journée.
- Flore
L'adenostyle à feuilles d'Alliaire
Adenostyles alliariae
Cette plante, qui apprécie les sols riches, se reconnaît grâce à ses feuilles basales dont l'envergure peut atteindre 50 cm et à ses fleurs d'un beau violet clair. Les feuilles de la tige possèdent deux oreillettes à la base de leur pétiole, ce qui la distingue de l'adenostyle des Alpes (Adenostyles alpina). - Flore
L'aulne vert
Alnus alnobetula
Cauchemar du randonneur qui s'avise de traverser ses fourrés épais et mous, l'aulne vert ou "verne", ou encore "arcosse", colonise les ravins raides et humides grâce à ses racines puissantes. - Faune
Le chamois
Animal emblématique des Alpes, le chamois est en montagne partout chez lui, en forêt comme dans les rochers. Porteur de cornes noires et crochues, ce proche cousin des antilopes est doté d'un odorat et d'une ouïe particulièrement développés, qui rendent son approche difficile. Cependant, à proximité du refuge de Chabournéou et dans la traversée vers celui de Vallonpierre, il vous sera assez aisé de vous régaler des cabrioles des cabris sur les névés encore présents. Le saviez-vous ? Alors qu'un marcheur s'élève de 400 m en 1 heure, le chamois est capable de remonter 1000 m en 10 minutes. Cette capacité physique lui est très utile pour fuir le danger.
- Sommet
Le Sirac
Au sud du massif des Écrins, le Sirac est le dernier grand sommet avec ses 3441 m. Il est là-bas, tout au fond, dressé fièrement au bout de cette vallée de la Séveraisse pour vous offrir son plus beau profil : sa face nord haute de 1500 mètres. Régulièrement, au cours de cette randonnée, vos yeux se lèveront enchantés pour saluer ce Seigneur et sa couronne. Vous passerez à ses pieds et serez surplombéspar ses glaciers suspendus. Magique !
- Flore
Le saule glauque et soyeux
A l'étage subalpin, passé la limite supérieure des forêts, on ne rencontre plus que des arbustes comme le saule glauque et soyeux. Il est observable sur le versant nord du Sirac, dans la traversée entre Chabournéou et Vallonpierre. Son vert laiteux se repère de loin. En vous approchant, vous découvrirez sa caractéristique : une pilosité soyeuse qu'il affiche sur les deux faces de ses feuilles. L'un des objectifs de cette spécificité pourrait être d'emmagasiner un maximum d'humidité et d'éviter la dessiccation. Localement très dense, il ne faut pas oublier que cette espèce n'est pas si courante...
- Flore
La soldanelle des Alpes
Soldanella alpina
Contrairement aux apparences, la soldanelle est une cousine des primevères. Elle talonne de près le front de neige qui fuit les assauts du soleil printanier. Ses feuilles coriaces et lisses, toutes situées à la bas, trahissent sa présence lorsque son unique hampe florale succombe aux chaleurs de l’été. - Flore
Le nard raide
Nardus stricta
Peu apprécié des brebis, cette herbe raide forme des peuplements denses sur des sols plutôt acides. Les feuilles sont coriaces et plus ou moins piquantes. Les épis sont unilatéraux et foncés lorsqu’ils sont jeunes. Plus vieux, ils ressemblent à une arête de poisson ! - Flore
Le lotier des Alpes
Lotus corniculatus subsp. Alpinus
Un lotier se reconnaît à ses feuilles à trois folioles (ou segments) et ses feuilles jaunes. Il est de la même famille que le trèfle ou les haricots. Les pétales du bas forment comme un petit nez retroussé, souvent noirâtre à son extrémité. - Flore
Le trèfle alpin
Trifolium alpinum
Le trèfle alpin se reconnaît grâce à ses folioles longues et étroites ce qui lui vaut l’appellation de « pied de poule » par les bergers ! Ses fleurs sont roses. Il s’agit d’une des meilleures plantes fourragères des alpages. Ses racines sont très développées et mesurent jusqu’à un mètre de long (quand les fleurs ne font que quelques centimètres). De quoi se nourrir efficacement ! - Refuge
Le refuge de Vallonpierre
Un petit lac, une belle prairie d'alpage, le Sirac bienveillant... Tel est le décor magique qui inspira, en 1942, la construction d'un refuge situé à 2270 m. Mais, victime de son succès, il fut décidé en 2000 d'en construire un second, plus grand. Proposant 37 places au lieu de 22, ce nouveau bâtiment est le premier refuge contemporain a avoir été construit, non avec des matériaux importés, mais avec les pierres extraites du site. Il tire sa simplicité et ses pignons en "pas de moineau" du "petit refuge" qui fut gardé comme hébergement pour un aide gardien.
- Flore
La drave douteuse
Draba dubia
Cette plante est une des plus petites représentantes, en altitude, de la famille des brassicacées. C’est à cette dernière qu’appartiennent choux, radis, moutarde et autre colza. Ses membres se caractérisent tous par des fleurs à quatre pétales, disposés en croix. Ceux de la drave douteuse sont blancs. Ses feuilles sont constellées de petits poils étoilés. - Flore
La primevère hirsute
Primula hirsuta
Le rose éclatant de ses corolles à gorge blanche éclaire au printemps les parois cristallines des Écrins. Les feuilles sont recouvertes sur les deux faces de poils glanduleux, stratégie qui lui permet de réduire les pertes d’eau. La primevère oreille-d’ours est jaune et préfère quant à elle, les parois calcaires. La plupart des primevères ont des origines asiatiques. Au gré des glaciations, elles se sont déplacées d’est en ouest pour peupler les Alpes d’aujourd’hui ! - Flore
La fétuque de Haller
Festuca halleri
C’est une petite herbe de pelouses d’altitude. On la rencontre aussi sur les escarpements rocheux de haute montagne. Elle est attachée au substrat siliceux. De ses épillets épais et étalés dépassent de petites pointes filiformes nommées arêtes qui distinguent les fétuques des pâturins. - Flore
La sagine glabre
Sagina glabra
Plante se rencontrant dans les pelouses d'altitude, elle passe souvent inaperçue à cause de sa petite taille et de son port tapissant. Cependant, lors de sa période de floraison en juillet-août, il suffit de regarder le bout de ses chaussures pour voir l'effusion de ces petites fleurs blanches. - Flore
La renoncule des Pyrénées
Ranunculus kuepferi
À peine la neige disparue, les pelouses voisines du refuge se parent de blancheur. C'est la floraison des renoncules des Pyrénées ! Il s'agit de profiter sans attendre de cet instant car le printemps passé, ne subsisteront que les feuilles allongées dont le vert cendré se fondra dans les herbes environnantes. - Flore
La véronique des Alpes
Veronica alpina
Les fleurs bleues de la véronique des Alpes sont réunies en une grappe dense au sommet d'une tige qui porte généralement quatre paires de petites feuilles ovales. C'est une plante caractéristique des pelouses alpines, moraines et éboulis longuement enneigés. - Faune
Bouquetins
L'espèce qui avait totalement disparu de l'arc alpin français, doit sa survie à nos voisins italiens, les rois de Savoie. Jusqu'au milieu du XVème siècle il était encore bien présent mais peu farouche il était chassé et pour sa viande. Par ailleurs, la médecine de l’époque, chargée de superstitions, contribua fortement à son déclin passé : ses cornes broyées en poudre serviaient de remède contre l’impuissance et l'os cruciforme situé au niveau du cœur était utilisé comme talisman contre la mort subite.
Réintroduit avec succès en Vanoise en 1960, il le fut aussi dans la vallée de Champoléon, il y a plus de 20 ans. - Géologie et géographie
Géologie impressionniste
De la chabournéite, minéral endémique du Valgaudemar, aux roches cristallines formées de gneiss du Sirac, de la dépression de Vallonpierre formée de roches sédimentaires au spectacle joué par le schiste et la cargneule du Col des chevrettes, cette boucle vous transporte dans l'histoire. Les plis et les couleurs se peignent devant vous comme un tableau d'impressionnistes.
- Faune
La marmotte
Un sifflement aigu retentit dans l'alpage; c'est le cri de la marmotte sentinelle qui prévient ses comparses de la présence d'un danger imminent venant des airs. Gare aux étourdies qui prendraient cet avertissement à la légère; l'aigle royal l'emportera dans ses serres pour servir de repas à son rejeton.
Naturellement présentes sur les pelouse alpines, les colonies de marmottes vivent en famille avec leurs jeunes jusqu'à leur troisième année. Ronger et creuser sont leur passe temps favoris entre deux jeux de roulades dans les pentes. Sans oublier la sieste sur un rocher bien chaud et une grande période d'hibernation entre octobre et mars. - Faune
Les oiseaux d'altitude
L'automne est la saison des migrations. La montagne, trop rude en hiver, se vide de ses habitants. Certains optent pour une migration altitudinale pour se retrouver plus bas, dans les vallées ou sur le littoral, comme l'accenteur alpin, le rouge-queue, le sizerin flammé ou la linotte mélodieuse. D'autres partent pour un long voyage vers les pays chauds. Le Sahara offrira alors sa clémence hivernale au monticole de roche, tarier des prés et traquet motteux. La fauvette babillarde choisira l'orient. En été, tout ce joli monde se retrouve en montagne. Il y trouve un milieu-refuge dont la diversité de la végétation et des invertébrés est encore préservée. Les alpages apparaissent alors favorables à la reproduction de toutes ces espèces qui sont nettement en déclin et méritent d'être protégées.
Météo
Profil altimétrique
Recommandations
La seule difficulté de cette boucle réside dans une traversée d'une quinzaine de mètres, un peu aérienne, avant d'arriver sur le plateau où se situe le refuge de Vallonpierre. NB. Il est aussi possible d'effectuer le retour en continuant sur le GR54 jusqu'à l'ancien hameau du Clot et sa cabane pastorale. Il faut alors remonter le verrou glaciaire du Crépon sur 80 m de dénivelé pour retrouver le parking aisément.
En alpage, les chiens de protection sont là pour protéger les troupeaux des prédateurs (loups, etc.).
Lorsque je randonne, j’adapte mon comportement en contournant le troupeau et en marquant une pause pour que le chien m’identifie.
En savoir plus sur les gestes à adopter avec le dossier Chiens de protection : un contexte et des gestes à adopter.
En cas de problème, racontez votre rencontre en répondant à cette enquête.
Lieux de renseignement
Maison du Parc du Valgaudemar
Ancien Asile Saint-Paul, 05800 La Chapelle-en-Valgaudemar
Information, documentation et un espace d'accueil avec des expositions permanente et temporaires. La maison du Parc est labellisée «Tourisme et handicap». Entrée libre. Toutes les animations du Parc sont gratuites sauf mention contraire.
Transport
Possibilité de navette depuis St Firmin (réserver 36 h à l'avance sur voyageurs 05). Liaison avec les bus qui viennent de Gap et Grenoble.
Accès routiers et parkings
A 26 km de Saint Firmin, prendre la D58 et la D958a jusqu'à La Chapelle en Valgaudemar. Suivre ensuite la D480t jusqu'au parking du Crépon, 800 mètres avant le refuge du Gioberney.
Stationnement :
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